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La renonciation au mal

Cet article a été publié originalement dans la revue Vivre et célébrer no 196, vol. 42, Montréal, Éditions de la Conférence des évêques catholiques du Canada, hiver 2008.

Le baptême, c’est le don de l’Esprit accueilli par le baptisé, ses témoins et sa communauté. Cet accueil, ce terrain favorable au travail de l’Esprit, nous en témoignons. C’est pourquoi, après la bénédiction sur l’eau, le rituel du baptême prévoit une interpellation du baptisé ou de ses parents et parrains. C’est à ce moment que le rituel invite à poser la question : « Renoncez-vous au mal ? », ce à quoi le futur baptisé répond : « Oui, j’y renonce. »

Bien que le rituel du baptême fasse l’objet de prescriptions précises, la plupart des communautés chrétiennes se donnent beaucoup de latitude dans l’expression de ces interpellations. D’ailleurs, quand elles préparent les baptisés ou leurs parents, les équipes de pastorale les invitent souvent à choisir une formulation, voire à en composer une, pour exprimer leur engagement à faciliter le travail de l’Esprit chez le nouveau baptisé. C’est dans cet esprit que je voudrais proposer quelques formulations alternatives.


Les versions officielles du rituel

L’interpellation du futur baptisé se fait en deux temps : la renonciation au mal et la profession de foi. Elle est souvent précédée d’une monition du président qui rappelle que le baptême est un engagement et une responsabilité. La renonciation au mal, selon la formule habituelle, invite à « renoncer à Satan, à ses œuvres et à ses séductions ». C’est une façon de dire qui vient d’un autre âge mais surtout qui, par son outrance, manque son but.

La formulation la plus simple[1] de la renonciation au mal est :

Le président : Renoncez-vous à Satan, à toutes ses œuvres, à toutes ses séductions ?

Le baptisé : Je renonce.

Une formulation plus élaborée, qui explicite pourquoi renoncer au mal, est également proposée en trois interpellations successives :

Q : Pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, rejetez-vous le péché ?

R : Je le rejette.

Q : Pour échapper à l’emprise du péché, rejetez-vous ce qui conduit au mal ?

R : Je le rejette.

Q : Pour suivre Jésus, le Christ, rejetez-vous Satan, qui est l’auteur du péché ?

R : Je le rejette.

Des propositions alternatives

Choisir de suivre Jésus – Comme d’autres sacrements, le baptême est l’expression d’un choix exclusif et qui exige le renoncement. Pourquoi ne pas choisir une formule plus positive telle que :

Je te choisis, Christ, comme inspiration de ma vie.

Que l’Esprit m’accompagne pour que je sois fidèle à ma promesse.

Cette formule serait particulièrement appropriée pour les adultes qui font par eux-mêmes la démarche du baptême et à qui on donne la parole pour expliquer le pourquoi de leur démarche.

Choisir et rester libre – On parle de liberté. Donc, après avoir célébré la séduction de l’Esprit, il nous faut reconnaître que nous avons d’autres options auxquelles nous renonçons au profit de celle-là. Nous pourrions donc célébrer Dieu qui nous veut libres et nous en offre, à chaque instant, l’option. Dans cette optique, il n’est pas raisonnable de renoncer ; nous pourrions simplement dire notre souhait que l’appel de la vie soit plus fort que toutes nos tentations de mort.

Nous te louons, Dieu, qui nous a voulus libres.
Libres d’accueillir ton Esprit ou de l’ignorer.
Aide-nous à demeurer ouverts à l’appel de la vie et à résister au mal sous toutes ses formes.

Prier pour rester dans la lumière – Lorsque le baptême est celui d’un seul enfant en présence de sa famille et de ses proches, le président peut aussi exprimer le souhait que les participants demeurent dans la lumière :

Cet enfant qui nous émerveille dans son innocence et son abandon, l’Esprit de Jésus qui nous appelle à une vie en plénitude, ces moments de grâce, nous savons qu’ils ne sont pas le quotidien de nos vies.

Prions dans le silence, les uns pour les autres, pour que nous puissions nous souvenir de ces moments de grâce, de paix et d’attention lorsque le mal et l’égoïsme tenteront d’envahir notre vie ou celle de cet enfant.

Un engagement de la communauté – Lorsque le baptême a lieu à l’intérieur d’une célébration dominicale de l’eucharistie, il est important que celle-ci soit partie prenante et non seulement présente. Baptiser un enfant, c’est non seulement l’accueillir dans la communauté, mais continuer de le protéger, l’aider et lui donner l’exemple. C’est faire en sorte que Satan et toutes ses séductions ne puissent avoir le dessus.

Q : Grandir dans la confiance et dans l’espérance, cela exige des témoins, des croyants, des personnes engagées au service de la justice. Acceptez-vous cette responsabilité envers N. et sa famille ?

R : Oui, nous l’acceptons.

Une invitation à l’engagement communautaire – Chaque célébration de baptême est l’occasion d’un sursaut de notre espérance qui pourrait être souligné comme suit :

Nous savons que le mal n’est pas absent de notre monde et nous en faisons nous-mêmes l’expérience parfois douloureuse.
Mais chaque enfant renouvelle notre espérance et notre désir de combattre le mal sous tous ses visages.
Prions pour qu’ensemble nous sachions construire un monde plus humain et plus accordé à Dieu.

Denis Tesson

L’auteur

Denis Tesson est informaticien. Il est membre de l’équipe de liturgie de la communauté chrétienne Saint-Albert-le-Grand, à Montréal.

[1] Voir Rituel de l’initiation chrétienne des adultes.