Sous le thème « L’évêque, Serviteur de l`Évangile de Jésus-Christ pour l`espérance du monde » : Rapport du Forum 2000 avec les associations nationales

dimanche le 10 septembre 2000

INTRODUCTION

Pour une cinquième année consécutive, la Commission épiscopale pour les relations avec les associations du clergé, de la vie consacrée et du laïcat a réuni les associations catholiques nationales en forum. Les principaux objectifs du Forum sont : 1) examiner un thème que la Commission juge prioritaire et en tirer des recommandations; et 2) donner aux associations une occasion de partage avec la Commission et entre elles sur leurs préoccupations et leurs activités. La Commission a constaté que le Forum constitue un moyen efficace de remplir son mandat qui est d'assurer le dialogue entre la CÉCC et les associations nationales.

Le Forum s'est tenu aux bureaux de la CÉCC les 3 et 4 juin 2000 et a porté sur le thème du prochain Synode des Évêques – L'évêque, Serviteur de l'Évangile de Jésus-Christ pour l'espérance du monde.

Dix-sept associations étaient présentes au Forum (six bilingues, cinq francophones et six anglophones). Elles étaient: l'Association des universités et collèges catholiques du Canada, Association of Ministries Programs, l'Association des Scouts du Canada, l'Association canadienne des Chevaliers de Colomb, la Pastorale universitaire catholique du Canada/l'Association canadienne d'étudiants et d'étudiantes catholiques, l'Association canadienne des commissaires d'écoles catholiques, l'Association catholique canadienne de la santé, Catholic Women's League of Canada, la Conférence canadienne des instituts séculiers, le Conseil canadien francophone de la pastorale des vocations, Foi et lumière, National Federation of Presbyteral Councils, l'Organisation canadienne catholique pour le développement et la paix, l'Organisme catholique pour la vie et la famille, La Société de Saint-Vincent de Paul, Ukrainian Catholic Council of Canada et la Vie Montante.

Échange de renseignements

En prévision de la réunion, chaque association a préparé une description d'une page qui a été envoyée à tous les participantes et les participants. Dans la soirée du vendredi, chaque association a eu cinq minutes pour développer cette description.

Quoique les associations fassent montre d'une grande diversité, on trouve plusieurs points communs, dont: le besoin de former des chefs de file et les laïcs, le fait que le travail de certains groupes consiste à offrir du soutien, le sentiment que tout ministère a sa source dans l'appel baptismal, le besoin de faire appel aux jeunes et de les impliquer, l'importance de la spiritualité, le problème omni-présent de l'argent, la nécessité de s'engager dans le monde et par-dessus tout, la présence au sein de chacune des associations d'un esprit de générosité et de dévouement.

Mise en train pour le thème de samedi

Comme mise en contexte pour la discussion du samedi, Mgr Stefan Soroka, délégué remplaçant au synode, a donné un aperçu de la nature d'un synode. Entre autres propos, il a précisé que:

1. Le pape Paul VI a instauré le Synode des Évêques à la fin du Concile Vatican II afin de poursuivre l'étroite collaboration qui s'était établie entre le pape et les évêques du monde entier.

2. Le Synode des Évêques a pour fonction d'étudier certaines questions touchant la vie interne de l'Église et son action de par le monde et de faire des recommandations. Il relève directement du Saint-Père et jouit d'un statut consultatif, et non délibératif.

3. Le Synode se compose comme suit:

a) les patriarches, les archevêques et métropolitains majeurs à l'extérieur des patriarcats des Églises catholiques de rite oriental;
b) les évêques élus par les conférences épiscopales nationales en vertu d'une formule axée sur le nombre de membres;
c) les évêques élus par les conférences épiscopales nationales de certains pays pour représenter les pays n'ayant pas leur propre conférence nationale;
d) dix religieux représentant les instituts de prêtres religieux et élus par l'Union romaine des supérieurs généraux et
e) les cardinaux à la tête des divers offices de la Curie romaine. Le pape peut aussi nommer jusqu'à 15 % des membres, dont des évêques, des laïcs, des religieux et autres spécialistes.

4. Les assemblées synodales peuvent être ordinaires comme le sera le prochain Synode des Évêques ou extraordinaires comme le fut l'assemblée de 1969 sur la collégialité des évêques; elles peuvent aussi être régionales, par exemple les récents Synodes de l'Église d'Amérique, de l'Europe, de l'Afrique, de l'Océanie et de l'Asie.

5. Le Saint-Père choisit le thème de chaque Synode des Évêques. Un document, appelé Lineamenta, est préparé par la Secrétairerie générale du Synode à Rome. Ce document lance la démarche synodale en demandant d'examiner et de méditer sérieusement le thème choisi, le tout dans la prière. Les résultats des consultations menées au Canada et ailleurs dans le monde sont acheminés à Rome par les Conférences épiscopales pour former la base du Document de travail en prévision du Synode.

6. Au cours du Synode, chaque évêque délégué a droit à une intervention de huit minutes après quoi les discussions se poursuivent en ateliers. Les interventions des délégués se fondent sur les consultations préalables, dont le présent Forum. Ainsi, les préparatifs du Synode impliquent toute l'Église.

7. Le prochain Synode des Évêques, en célébrant la communion épiscopale, relie et amène à son achèvement la récente série de Synodes, à commencer par celui de 1987 sur la vocation et la mission des laïcs, suivi de la formation des prêtres en 1990 et de la vie consacrée en 1994.

8. Le processus synodal est un cheminement impressionnant auquel nous sommes tous privilégiés de prendre part, cheminement aux répercussions importantes tant pour l'Église du Canada que pour l'Église universelle.

THÈME DE LA JOURNÉE: LE SYNODE DES ÉVÊQUES L'évêque, serviteur de l'Évangile de Jésus-Christ pour l'espérance du monde.

Les participantes et les participants ont passé une journée entière, en plénière et en petits groupes, à
examiner certaines questions provenant des Lineamenta et portant sur la mission de l'évêque, le ministère de l'évêque, les relations de l'évêque avec le peuple de Dieu dans son diocèse, son ministère d'enseignement, sa spiritualité et les sources de son espérance. La journée s'est terminée par la formulation de suggestions d'interventions à l'intention des délégués du Canada au Synode. Voici le résumé des exposés et des discussions.

La mission de l'évêque

Trois participants, le Dr Richard Haughian de l'Association catholique canadienne de la santé, le père Marc-André Lafrenière de la Conférence canadienne des instituts séculiers et Mgr Roger Ébacher, archevêque de Gatineau-Hull, ont fait de courtes présentations sur trois questions:

Quelle image de la mission de l'évêque les fidèles ont-ils généralement?

Chaque conférencier avait sollicité l'opinion de personnes de son entourage et d'ailleurs, afin d'obtenir un instantané de la perception des gens de la mission de l'évêque. Il est clair que la plupart ne connaissent pas la théologie de la mission de l'évêque et que leur image et leur expérience ne correspondent pas à leurs attentes. Suivent quelques-unes des impressions et attentes sur la mission de l'évêque.

1. L'évêque est un administrateur, éloigné de son peuple et trop souvent absent du diocèse.

2. L'évêque est une figure d'autorité, le chef de l'Église locale, membre de la hiérarchie ecclésiastique. Certains ne le voient que comme un directeur de succursale de la multinationale qu'est l'Église catholique, en place pour représenter le pape et transmettre ses désirs et ses enseignements.

3. L'évêque est le chef spirituel, homme de Dieu, homme de prière, premier pasteur. Il stimule l'espérance, ouvre les coeurs et les âmes à reconnaître les formes multiples
de la présence de l'Esprit Saint dans l'Église. L'évêque a besoin de savoir discerner les signes des temps et d'amener l'espérance là ou règnent la peur et l'angoisse.

4. L'évêque est le défenseur de la foi, ainsi que de l'institution; quelqu'un qui saura se prononcer.

5. L'évêque accomplit certaines fonctions, par exemplel'administration des sacrements, les visites aux paroisses, le contrôle financier, l'assignation des prêtres, la prise de décisions, l'élaboration de projets pastoraux.

6. L'évêque apporte son soutien aux équipes de prêtres et de laïcs, reste ouvert aux idées neuves et encourage ceux qui sont plus fragiles, quoique bien intentionnés.

7. L'évêque délègue et s'attend à des résultats.

8. L'évêque est présent et ouvert à son peuple que ce soit au sein de la famille, sur les lieux de travail, à l'école, dans les activités de loisirs. Il devrait se tenir proche de ses
fidèles.

9. L'évêque est visible dans les médias et devrait s'y présenter plus souvent pour donner son opinion, quand on la lui demande; c'est un personnage connu.

10. L'évêque est le pasteur des pauvres. Plein d'espérance et de vie, il est en mesure d'accueillir ceux qui se sentent marginalisés à cause de leur style de vie ou de circonstances personnelles.

11. Certaines personnes pieuses voient l'évêque presque comme un Dieu à qui on peut demander miracles et guérisons. Il représente le sacré, le mystère, quoiqu'on puisse toujours se confier à lui et avoir foi en lui.

12. Certaines personnes veulent (sans le trouver) un évêque qui soit un chef qui les accompagnera dans leurs luttes sociales. D'autres voient l'évêque comme une sorte d'animateur social chargé de voir au partage équitable des biens sociaux et au soutien des bénévoles. On le perçoit comme un homme d'influence capable d'attirer aide financière, soutien et intérêt des médias.

13. L'évêque est vu comme un rassembleur, capable de dynamiser les chrétiens et de les guider.

14. Certains parmi l'intelligentsia au Québec ont une vue très négative de la mission de l'évêque; c'est lui qui prolonge l'époque de la grande noirceur, bloquant systématiquement le progrès et le bien-être spirituel du peuple. Pour eux, les évêques ne visent qu'à protéger leur pouvoir sur une population infantilisée, privée des lumières
de la science.

15. Les médias jouent aussi un rôle dans la projection de l'image de la mission de l'évêque. Certaines émissions de télévision nous en montrent des images pompeuses bien dépassées. Les courtes interviews à la télévision se prêtent très peu à la présentation complète et pastorale de l'enseignement de l'Église en matière de
questions morales controversées. On voit bien l'évêque en train de célébrer la messe à la télévision, sauf qu'il s'agit habituellement de grandes occasions, parfois à caractère politique. Il est rare de voir l'évêque dans son rôle de simple pasteur. Est-ce la faute de l'évêque, des médias? Néanmoins, les évêques ont besoin de trouver des façons dynamiques et positives d'être présents dans une société démocratique en recherche de valeurs, de points de repère et d'espérance.

Les impressions présentées ci-dessus montrent bien l'écart entre les documents de l'Église, dont les Lineamenta en vue du Synode, et les perceptions des fidèles au sein de l'Église. La perception des fidèles de la mission de l'évêque est grandement influencée par la culture ambiante où règne l'individualisme, le pluralisme et l'autonomie personnelle. Méfiants à l'égard de l'autorité, les gens ne veulent pas se faire dire comment vivre leur spiritualité ou quoi croire. Pour un grand nombre, surtout
au Québec, la quête spirituelle se fait à l'écart des institutions religieuses. On ramène la religion au sentiment; on veut se sentir mieux. L'enseignement des évêques véhicule l'espérance pour l'avenir, alors que nous vivons dans une culture de changement constant, de gratification immédiate, du prêt-à-porter et de l'éphémère.

Est-ce que l'évêque a une responsabilité dans la mission universelle de l'Église?

Parmi les points soulevés dans les présentations et au cours des discussions qui ont suivi, notons:

1. La réaction la plus courante des personnes interrogées est la suivante: l'évêque ne peut se rendre responsable de la mission universelle puisqu'il lui est impossible d'être tout à tous.

2. La question en a surpris certains puisque Vatican II a mis l'accent sur l'Église locale. L'évêque doit être plus présent dans son diocèse et se rendre plus visible.

3. Alors que les Lineamenta présentent un aperçu de la responsabilité de l'évêque envers la mission universelle de l'Église, les conférenciers sont d'avis que les gens n'y
comprennent pas grand chose puisqu'ils supposent que l'évêque n'appartient qu'à un seul diocèse.

Un des conférenciers croit que cet aspect de la mission de l'évêque devrait être souligné davantage, d'autant plus que les médias offrent une fenêtre ouverte sur le monde entier. Le lien entre les Églises locales, dans toute leur diversité, et l'Église universelle devrait être accentué. Cela impliquerait une compréhension de la charge de l'évêque comme pasteur de son peuple, innovateur dans la recherche de nouvelles formes de mission, en communion avec tout le Peuple de Dieu pour ainsi mieux répondre aux besoins de notre époque.

Selon un deuxième conférencier, on a besoin certes d'éduquer davantage sur cet aspect de la mission de l'évêque, pourvu que ses responsabilités au sein du diocèse aient préséance, étant donné la surcharge actuelle des évêques.

Comment l'évêque pourrait-il associer son diocèse à cette mission universelle?

Notons les points suivants à partir des présentations et des discussions:

1. Certains diocèses ont des liens avec des diocèses du Tiers-Monde.

2. Il existe un soutien financier par l'entremise de Développement et Paix ainsi que la Campagne du Jubilé pour éliminer la dette des pays les plus pauvres.

3. La justice, la paix et l'espérance font partie d'une vision globale qui aide les gens à faire les liens; la justice étant la pierre d'angle, – on devrait moins mettre l'accent sur l'Église et plutôt le mettre sur les personnes dans le monde.

4. À cause de leur baptême, l'appel à cette mission universelle, s'adresse à toutes les chrétiennes et tous les chrétiens et non uniquement à l'évêque. On ne devrait pas élaborer une théologie qui ne tienne pas compte de l'Église au complet.

5. L'évêque associe son diocèse dans sa mission de découverte de la gloire de Dieu au coeur du monde chaque fois qu'il suscite la communion et favorise l'amour et la solidarité, par la promotion de la vie et de la dignité humaines, de l'égalité des hommes et des femmes, de l'option privilégiée en faveur des pauvres, etc.

Le ministère de l'évêque

Réunis en petits groupes, les participantes et les participants ont examiné certaines questions relatives au ministère de l'évêque. Voici quelques-uns des points soulevés lors des discussions:

Quels défis les données socio-culturelles posent-elles au ministère de l'évêque, en particulier pour la proclamation de l'Évangile?

1. La société croit ne pas avoir besoin de l'Évangile – individualisme, consommation à outrance, indifférence, méfiance vis-à-vis des institutions.

2. Dans une société qui valorise le pluralisme et la démocratie, l'Église est considérée comme une voix parmi d'autres.

3. Les mass médias sont biaisés et anti-religion.

4. Il est difficile de faire communauté lorsque l'individualisme règne partout.

5. Les personnes impliquées dans l'Église attendent beaucoup de leur évêque.

6. Il y a un gouffre entre les documents d'Église et la réalité que vivent les gens. Pour être crédibles face au marché des nouvelles spiritualités, il nous faut toucher les gens et les rejoindre dans leurs préoccupations quotidiennes.

7. Notre culture, quoique bien ouverte au monde et à la diversité, semble avoir peu de profondeur et être en perte de sens et de vision à long terme, en partie parce que la vie trépidante moderne laisse peu de temps à la réflexion.

8. Les nouvelles formes de spiritualité semblent laisser peu de place à la religion.

9. Une nouvelle ecclésiologie et une nouvelle redéfinition du rôle de l'évêque sont nécessaires en raison des transformations techniques, sociales et culturelles; les présentes structures ecclésiales ne conviennent pas au monde d'aujourd'hui.

Comment les évêques relèvent-ils ces défis?

1. Parfois l'évêque commet l'erreur de chercher à devenir tout à tous, ce qui fait que son message n'est pas toujours consistant.

2. Tant l'évêque que les laïques doivent dépasser leurs schèmes individuels. L'évêque ne doit pas essayer de tout faire et les laïques ne doivent pas s'attendre à cela. Si les laïques recevaient et assumaient plus de responsabilités, il serait libre d'être le pasteur, et non seulement l'administrateur et la personne en autorité. Il ne manque pas de laïcs talentueux, sauf qu'il est urgent de voir à l'éducation de la foi des adultes, puisque les ordres religieux sont en train de se départir de leurs institutions dans les domaines de la santé et de l'éducation. Il incombe à toute l'Église, et non seulement à l'évêque, d'être porteur d'espérance.

3. L'évêque doit être un visionnaire, enraciné dans l'ecclésiologie de communion de Vatican II, dont le ministère est d'accompagner et de guider son peuple dans la découverte de la signification profonde de l'existence humaine. Il doit se rapprocher des gens et non seulement lors de cérémonies de confirmation et autres occasions officielles.

4. Du point de vue de certains jeunes, le ministère des évêques paraît bien rigide, structuré, hiérarchique et insensible à la diversité, ce qui ne leur plaît guère. Le défi consiste à traiter les questions complexes d'ordre social et moral en s'appuyant tant sur les principes que sur la compassion pour exprimer la vérité avec amour.

Quelles circonstances favorisent la proclamation de l'Évangile?

1. Les gens ont faim d'authenticité, de spiritualité, de responsabilité et de solidarité; à preuve leur sympathie à l'égard du témoignage authentique de personnes de la trempe de Jean Vanier ou de Mère Teresa, très bien capté par les médias.

2. Une approche qui reconnaît qu'on peut apprendre du monde, que l'Esprit y est à l'oeuvre; que le monde peut bien offrir nombre de défis, mais qu'il offre aussi nombre de possibilités.

3. Les gens sont plus ouverts à l'action de l'Évangile lorsqu'ils vivent des moments de difficultés et de souffrance qui les mettent en contact avec leur vie intérieure. On a besoin de trouver des façons plus poétiques, plus symboliques, plus créatrices, plus affectives de les toucher.

4. Il nous faut agir différemment – utiliser les médias (un bon exemple, la mission paroissiale à Vision TV).

5. Être des témoins solides, positifs, fidèles.

Comment les fidèles réagissent-ils à l'enseignement de l'évêque sur les sujets de foi et de morale? Font-ils une distinction entre l'enseignement de l'évêque et celui du Pape? 

1. En général, les gens sont plus ouverts à l'enseignement touchant les questions de foi que celles de morale. En matière de morale sexuelle, certains écoutent tout en décidant par eux-mêmes, d'autres sont fidèles à l'enseignement et d'autres encore se demandent si les évêques sont suffisamment catholiques, s'ils sont cohérents avec l'enseignement du Pape.

2. La tension est toujours présente entre proclamer et appliquer l'enseignement.

3. On suit davantage un enseignement s'il est incarné, si on sent que les évêques accompagnent les fidèles dans leurs luttes quotidiennes.

4. L'enseignement du magistère tient peu de place dans la société en général, quoique certains le respectent.

5. Les femmes n'ont pas la vie facile dans l'Église, surtout les mères qui essaient de transmettre la foi à leurs enfants. 

Les relations de l'évêque avec le peuple de Dieu dans son diocèse

Quatre participants, Mmes Vivian Bosch et Lorette Noble de la Catholic Women's League, le père Jean-Guy Charron, s.v. de la Vie Montante et le père Anthony Daniels de la National Federation of Presbyteral Councils, ont fait de courts exposés sur les relations de l'évêque avec le peuple de Dieu dans son diocèse. Mgr Clément Fecteau du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière a donné la réponse. Voici un résumé des présentations et de la discussion.

Quand on considère les rapports établis par l'évêque avec le clergé, les laïques et les membres des instituts séculiers et de vie consacrée du diocèse, quelle est d'après vous la visée la plus importante et la plus signifiante? Quels devraient être les principaux soucis de l'évêque à ce propos?

1. L'évêque devrait établir un conseil pastoral, sous sa direction, qui comprendrait des membres du clergé, des laïques et des membres des instituts séculiers et de vie consacrée. Un plan pastoral devrait être élaboré, de même qu'une même orientation à laquelle toutes les instances du diocèse travailleraient, ce, dans un climat familial. Grâce au baptême, tous ont reçu une responsabilité de mission et de service; les baptisés ont besoin que leurs rôles soient reconnus et que l'Église les invite à travailler à la vigne.

2. L'évêque se doit d'être à l'écoute des gens pour connaître les besoins du diocèse. Il se présente à ses gens comme celui qui sert, appelé à devenir un bon pasteur, à connaître ses brebis et à se faire connaître d'elles. Il doit entendre son monde et ses besoins s'il veut que sa famille diocésaine se comporte et croisse comme un seul Corps vivant.

3. Structures, services et personnel devraient être mis en place pour répondre aux besoins spirituels des fidèles du diocèse.

4) Relations veut dire lien, contact continu et dialogue. La façon la plus simple d'y arriver consiste à se rendre visible et à communiquer efficacement de sorte que les gens sachent qui est leur évêque, ce qu'il représente et que celui-ci les reconnaisse en retour. Il devient ainsi un véritable messager incarnant l'espérance.

Jésus se manifestait et s'engageait dans des conversations et des actions de service aux autres. Il offre l'exemple parfait de celui qui enseigne, qui sanctifie et qui guide. L'évêque doit faire meilleur usage des médias électroniques, assurer une diffusion plus efficace des lettres pastorales et entreprendre des visites pastorales sans caractère officiel, plus fréquemment.

5. La réussite d'initiatives pastorales tient avant tout aux rapports entre l'évêque et ses prêtres. Pour l'évêque qui prend le temps d'écouter ses prêtres et de cultiver un climat de confiance et de respect, les possibilités sont sans limite. L'intérêt sincère qu'il porte envers le bien-être spirituel, intellectuel et matériel des prêtres est d'une grande importance.

L'évêque doit aimer ses prêtres, vouloir leur bien, puisque leur ministère se fait en son nom. Le prêtre doit sentir qu'il est en rapport étroit avec son évêque, qu'il est un véritable collaborateur. Pour que l'évêque puisse connaître les forces et les fragilités de ses prêtres et qu'il soit capable de les soutenir dans leurs difficultés, il doit les aimer. Le prêtre qui se sent vraiment aimé sera persuadé que, dans l'éventualité de plaintes, il sera jugé équitablement.

6. Pour maintenir son renouveau, l'Église a besoin de la présence active des
laïques. L'édification de l'Église exige qu'on soutienne et encourage les laïques à approfondir leur foi et à parfaire leur formation. Chaque diocèse devrait mettre en place des dispositions à cet effet. Les catéchistes doivent recevoir une préparation adéquate pour leur tâche d'enseignantes et d'enseignants et de témoins de la foi. La vie familiale doit être considérée comme un important ministère puisque notre société et l'Église s'édifient par l'entremise de la famille.

Les laïques doivent être invités non seulement aux postes de direction dans la paroisse et les institutions mais aussi à faire fructifier les dons de leur baptême, à devenir la présence du Christ pour leur prochain et à se mettre au service du bien commun. Il nous faudrait célébrer les personnes qui vivent des vies ordinaires de façon extraordinaire pour le Royaume. Les laïques ont besoin de soutien pour vivre leurs responsabilités dans la famille, au travail, en politique, dans les médias.

7. Des efforts devraient être fournis afin de comprendre les charismes des
membres des instituts de vie consacrée, de bien connaître leurs dons, leurs rêves au moment de leur entrée en vie consacrée et la façon dont ceux-ci s'actualisent. Leurs charismes devraient être incorporés à la vie du diocèse de telle manière qu'on se dise : où serions-nous sans eux! La collaboration doit être étroite entre l'évêque et les personnes consacrées.

8. Quant aux évêques, ils devraient être des hommes de prière, connaissant Jésus, sachant qu'ils sont aimés de Lui et acceptant la responsabilité qu'Il leur a confiée.
C'est grâce à la prière que se développe l'esprit d'accueil, de respect et la vision menant à l'espérance.

9. Sommes-nous vraiment voués à l'évangélisation? Comment l'Église entière peut-elle mieux faire connaître et aimer Jésus-Christ? Sommes-nous trop pris par les problèmes d'argent et d'organisation? Comment pouvons-nous atteindre les personnes encore attachées à l'Église mais qui ne s'y retrouvent plus, en raison de leur style de vie ou de difficultés par rapport à certains enseignements?

Si j'étais évêque

Trois participants se sont mis à la place d'un évêque en offrant un exposé sur les sources de force spirituelle (Diane Dupras, Organisme catholique pour la vie et la famille), les sources d'espérance (Rick Benson, Pastorale universitaire catholique) et le ministère de prédication (Fabien Leboeuf, Organisation canadienne catholique pour la paix et le développement). Mgr Brendan O'Brien du diocèse de Pembroke a donné la réponse. Voici un résumé des présentations et de la discussion.

Si j'étais évêque je trouverais ma force spirituelle dans…

(Veuillez remarquer que les mots ne rendent pas justice au symbolisme de cet exposé. Il fait valoir l'importance des images, et non seulement des idées, pour passer à travers les moments difficiles.)

1. Le fait que je sois créé et soutenu par Dieu et racheté par le Christ vivant; que Dieu m'atteigne au plus intime de moi, que j'aie la mémoire du coeur et que l'Esprit Saint me permette de comprendre (Jn 14:26), est une de mes forces spirituelles.

2. Le fait que Dieu soit Père et que je sois fils et prodigue; que je désire toujours retourner à la maison du père et, qu'étant moi-même enfant et prodigue, je sois en mesure d'être bon Père pour celles et ceux qui me sont confiés, est une de mes forces spirituelles

3. Le fait que Dieu m'ait donné deux choses: a) la chaîne de ma croix qui me ramène toujours à Lui dans la prière et b) le bois – puisque mon Dieu consume tout bois (Lc 12:49 – (C'est un feu que je suis venu apporter sur la terre…), est une autre de mes forces spirituelles.

4. Le fait que Dieu ait fabriqué dans ma vie un filet de prière. (Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes. Mc 1:17); et qu'il tiendra toujours allumé un feu qui consumera le bois par la croix, voilà une de mes forces spirituelles.

Si j'étais évêque les sources de mon espérance seraient…

1. La revitalisation de la spiritualité dans notre culture et la nouvelle soif de liturgies et de traditions signifiantes.

2. Les jeunes s'associent à cette quête de spiritualité par l'entremise de l'industrie du spectacle et autres formes de communication dans la culture populaire. Ainsi certains en sont venus à s'interroger sur les traditions mystiques et les rituels de l'Église.

3. Dans les milieux de travail, on se penche de plus en plus sur la spiritualité. Beaucoup de grandes sociétés aux États-Unis ont embauché des aumôniers.

4. Quelques universités canadiennes ont demandé la présence d'aumôniers sur le campus pour favoriser l'esprit communautaire et voir aux besoins spirituels du milieu. Cette sensibilité au spirituel peut ouvrir la porte au dialogue sur la religion.

5. On s'intéresse à nouveau à des traditions et rituels comme les Exercices spirituels de Saint Ignace, la prière de Taizé, l'utilisation d'icones et autres images.

6. L'oecuménique et les dialogues multi-confessionnels prennent de plus en plus d'ampleur, surtout chez les jeunes.

7. Les nombreux chrétiens engagés qui témoignent de leur foi au quotidien sont une source importante d'espérance.

8. Cependant, la question qui se pose est la suivante: cet intérêt nouveau pour la spiritualité mènera-il véritablement à la religion et à la vie de foi, étant donné la prédominance de la subjectivité et de l'individualisme?

Si j'étais évêque prêcher dans le contexte de la culture d'aujourd'hui requerrait…

1. La prédication est partie intégrante du rôle de l'évêque. Cela demande courage, énergie et confiance en soi puisque les mots sont à même d'influencer les vies et les orientations de façon permanente.

2. L'évêque a besoin de s'adresser au monde.

3. Selon la culture, la perception de l'Église se situe à quatre niveaux: la foi comme un bien culturel, l'Église comme un service social, comme une promotrice de valeurs morales et comme offrant des rites de passage.

4. Dans une société post-chrétienne, qui voit l'Évangile comme un bien de consommation sans toutefois l'accueillir, la Bonne Nouvelle doit être annoncée comme une rencontre avec Jésus Christ vivant venu nous révéler Dieu créateur de la vie et notre Père; et que nous sommes tous fils et filles de Dieu. Nous devons annoncer un Dieu qui sollicite notre liberté personnelle et collective dans un même projet avec Lui.

5. Les gens ne devraient pas s'impliquer par obligation morale dans la cause de la justice sociale mais bien parce qu'ils prennent part à l'oeuvre créatrice de Dieu. La pauvreté va à l'encontre de la créativité, et en ce sens la justice sociale est une démarche de rétablissement de la dignité humaine par laquelle nous participons à l'oeuvre créatrice de Dieu

6. La société néo-libérale contemporaine est à la recherche d'alternatives. L'évêque, serviteur de l'espérance, doit faire découvrir la présence de Dieu et les solutions possibles.

Les interventions au Synode

Les participants ont cité les sujets suivants comme possibilités d'interventions au Synode.

1. La culture contemporaine – Projet de société

2. La collégialité épiscopale – inculturation de la foi

3. Le rôle des Conférences épiscopales

4. La pauvreté au niveau local – les paroisses des quartiers défavorisés

5. Communiquer la parole de Dieu dans la culture d'aujourd'hui

6. Accentuer le mandat de l'évêque comme pasteur, et non seulement comme administrateur

7. L'ecclésiologie de l'Église comme communion

8. Réaffirmer le rôle de l'évêque comme défenseur des pauvres

9. La reconnaissance à l'endroit de l'évêque et de son ministère

10. La collaboration avec d'autres groupes dans la société dans l'atteinte de buts communs

11. La crise de l'éducation de la foi dans nos milieux

12. La spiritualité de l'évêque

13. Les relations et la collaboration entre l'évêque et le peuple de Dieu dans son diocèse

14. L'usage des mass médias

15. L'évangélisation du monde contemporain

Eléments que devraient comporter les interventions

En petits groupes, les participants ont suggéré des éléments que pourraient comporter certaines des interventions proposées.

L'éducation de la foi

1. Les communautés religieuses sont en train de faire passer leurs institutions aux mains de laïques bien éduqués et talentueux dans leur domaine, mais la formation de la foi de ceux-ci comporte des lacunes. La crise d'identité et de leadership des institutions catholiques est imminente. Qui poursuivra la mission et les valeurs du ministère de guérison à la suite de Jésus? À l'instar des pionnières et des pionniers des communautés religieuses, les laïques auront à s'aventurer dans des territoires inconnus avec pour seul bagage leur amour de Jésus et la passion de leur mission. Plus ces pionniers rencontraient de difficultés, plus ils se vouaient à la mission. Certes, le monde est bien différent aujourd'hui.

2. Le besoin de formation dans les paroisses se fait urgent, mais des questions surgissent quant aux compétences des catéchistes, aux approches les mieux appropriées et aux façons d'attirer les gens déjà surmenés.

3. Il existe plusieurs occasions de formation entre autres, lorsque les parents viennent pour la préparation aux sacrements de leurs enfants. Le lien entre leur foi et leur expérience de vie est à privilégier.

4. Nombreux sont celles et ceux qui ne viennent à l'Église qu'à l'occasion des rites de passage, de sorte que de moins en moins de gens sont habilités à assumer la préparation sacramentelle et les autres aspects de l'éducation de la foi. De sérieuses
interrogations sont suscitées face à la transmission de la foi en paroisse et dans les écoles. Qu'enseignent les éducateurs et quelle est leur foi? Un sondage devrait-il être élaboré pour évaluer la nature et la portée de cette crise dans la formation de la foi?

5. La formation de la foi devrait faire meilleur usage de l'univers médiatique.

L'évangélisation du monde contemporain

1. Il est nécessaire de centrer notre attention sur les nouvelles façons d'évangéliser et de chercher, partager et évaluer de nouveaux modèles. L'évangélisation doit être partie prenante de tout plan ou projet pastoral, actuel et à venir; il faut de plus s'engager à maintenir le plan pastoral mis en place, quelles que soient les difficultés.

2. Tout plan d'évangélisation doit s'ancrer dans un grand désir d'évangéliser et comporter un mécanisme favorisant le partage de la foi.

3. L'évangélisation doit prendre forme dans notre milieu. Il nous faut revoir notre ecclésiologie, promouvoir l'inculturation et avoir la souplesse nécessaire pour adopter une démarche pastorale de cheminement.

4. L'évêque doit s'assurer que tout plan d'évangélisation favorise un esprit de collaboration entre les fidèles et les organismes du diocèse.

5. Pour mener à bien l'oeuvre d'évangélisation dans le monde d'aujourd'hui, il nous faut aimer l'Église et ceux qui nous sont confiés et posséder un esprit d'ouverture et d'accueil.

La pauvreté au niveau local, surtout dans les paroisses des quartiers défavorisés 

1. L'évêque comme agent de changement social

2. L'évêque comme défenseur des pauvres

3. La collaboration avec d'autres groupes

Communiquer la parole de Dieu dans la culture d'aujourd'hui

1. Appliquer les idées contenues dans le document des évêques du Québec intitulé: Proposer la foi dans la culture du Québec d'aujourd'hui.

2. Encourager la réflexion théologique sur le rôle de l'Église à la lumière des changements fondamentaux aux niveaux social et culturel.

3. Inclure l'attitude de l'évêque, le style de vie.

4. Tenir compte de travaux antérieurs – par exemple, Directoire général pour la catéchèse.

Accentuer le mandat de l'évêque comme pasteur, et non seulement comme administrateur

1. Promouvoir son rôle pastoral

2. Besoin de plus de réflexion sur la notion de l'évêque comme pasteur

3. L'éducation des laïques

4. La tension toujours présente entre les fonctions administratives et pastorales – équilibre recherché

5. Peut être à la fois administrateur et visionnaire

6. Les évêques ne pourraient-ils pas déléguer plus souvent, particulièrement lors des confirmations?

7. Beaucoup de catholiques sont réfractaires au changement – quelle sorte d'Église voulons-nous?

L'ecclésiologie de l'Église comme communion

Encourager les évêques à collaborer et à mandater des membres des diverses communautés du diocèse à titre de partenaires à part entière dans le ministère de l'Église.

Suggestions du thème de l'an prochain

On demande aux participants s'ils sont intéressés à un Forum sur les vocations à la prêtrise et à la vie religieuse. Les discussions qui suivent indiquent une préférence marquée pour que tout Forum sur les vocations ait une visée plus large et comprenne d'autres vocations comme celle du mariage ou celui du ministère concernant les soins de santé. Il est question d'un Forum sur les jeunes, mais ce semble peu probable vu l'âge de la plupart des représentants des associations. La Commission épiscopale décidera du thème au cours des prochains mois.

Le 11 septembre 2000