Foire aux questions
Quelques questions reçues
À l’Office national de liturgie, nous recevons parfois des questions auxquelles nous répondons toujours avec plaisir. Afin de faire profiter le plus de personnes possible de ces échanges d’information, nous publions ici quelques questions reçues et leurs réponses. Contribuez à enrichir cette section en nous soumettant vos propres questions. Ce sera une joie d’y répondre.
sur le calendrier liturgique
Peut-on célébrer la fête des archanges dans une paroisse, le 29 septembre, quand cette date tombe un dimanche?
Q – Dans une paroisse dont le patron principal serait saint Michel, saint Gabriel ou saint Raphaël, est-ce que la fête des archanges, le 29 septembre, a préséance sur le dimanche, les années où cette date tombe un dimanche?
R – Selon la table des jours liturgiques que l’on trouve dans l’Ordo (pages 20 à 22), passage qui est lui-même tiré des Normes universelles de l’Année liturgique que l’on trouve dans le Missel, les fêtes propres, comme celle du patron principal d’une paroisse, n’ont pas préséance sur un dimanche du temps ordinaire. Seules les solennités propres peuvent avoir priorité sur un dimanche du temps ordinaire (comme l’anniversaire de la dédicace de la cathédrale, à la cathédrale même).
Des exceptions peuvent cependant exister, quand certaines fêtes prennent le statut de solennité dans certains lieux spécifiques, notamment la cathédrale d’un diocèse. Ces exceptions relèvent de calendriers propres diocésains. Les pages 26 à 27 de l’Ordo donnent de précieuses indications à propos de ces questions de célébrations diocésaines.
Est-il permis de célébrer une messe mensuelle pour les défunts?
Q – Dans notre milieu, il est d’usage de célébrer tous les mois une messe pour les défunts, au lieu de faire une seule commémoration durant l’année. Est-ce une pratique acceptable?
R – Quelques passages de la Présentation générale du Missel romain apportent des pistes de réponse à cette question. À l’article 355 de ce document, on peut lire ceci : « [On] ne prendra pas trop souvent les messes pour les défunts, car toutes les messes sont offertes aussi bien pour les vivants que pour les morts, et chaque prière eucharistique comporte la mémoire des défunts. » Toujours dans la PGMR, les articles 379 à 385 donnent de précieuses indications sur la pratique de la messe des défunts. L’Ordo indique clairement que « sauf dans des circonstances particulières, elles [les messes des défunts] ne sont permises que les jours de féries ou de mémoire facultative durant le temps ordinaire ».
Rien ne semble donc interdire la pratique décrite dans la question, si elle est faite en tenant compte des restrictions indiquées dans la PGMR.
Solennité de saint Jean Baptiste
Q. En regardant le Calendrier liturgique propre au Canada, je suis intriguée par le fait qu’on n’y retrouve pas la solennité de saint Jean Baptiste, le 24 juin. Est-ce un oubli?
M. L.
R. Non, il ne s’agit pas d’un oubli. Il peut sembler surprenant, à première vue, de ne pas retrouver de mention de la solennité de saint Jean Baptiste dans le calendrier liturgique propre au Canada, compte tenu de l’importance de cette journée, particulièrement au Québec. La raison en est simple. La solennité de saint Jean Baptiste fait partie du calendrier liturgique universel et n’est donc pas spécifique au calendrier canadien, d’où son absence dans ce calendrier. On peut d’ailleurs remarquer qu’il en est de même pour la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, le 15 août. Par ailleurs, on remarquera que ces solennités sont inscrites dans l’Ordo avec leurs spécificités canadiennes. Ainsi, saint Jean Baptiste y est inscrit en tant que patron spécial des Canadiens français et il est célébré liturgiquement à ce titre. La même précision est apportée à la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, patronne des Acadiens.
M. C.
La mémoire de saint André Bessette
Q. Une question toute simple. J’aimerais savoir pourquoi la fête du frère André a été déplacée du 6 au 7 janvier et si ce changement est définitif.
L. C.
R. Merci pour votre intéressante question, qui n’est finalement pas si simple! La date de la mémoire du saint frère André (nom officiel, saint André Bessette) a été déplacée du 6 au 7 janvier pour ne pas coïncider avec l’Épiphanie, et ce pour une raison : bien que cette mémoire devienne obligatoire dans le calendrier liturgique propre au Canada, elle ne l’est pas dans d’autres pays. Pour les endroits où l’Épiphanie est célébrée le 6, cette mémoire aurait toujours été empêchée, l’Épiphanie (une solennité) ayant priorité sur une mémoire facultative dans le calendrier liturgique. Il est à noter toutefois que malgré son statut de mémoire obligatoire, cette célébration peut être empêchée au Canada les années où l’Épiphanie tombe le dimanche 7 janvier.
Ce changement de date est une décision de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements (9 février 2011), et il s’agit effectivement d’un changement définitif.
M. C.
Célébrer un saint ou une sainte inscrits au Martyrologe
6 novembre 2012
Bonjour,
Je suis surprise de constater que la fête de sainte Faustine, le 5 octobre, et celle du bienheureux Jean-Paul II, le 22 octobre, qui sont, je crois, au calendrier universel, ne sont pas soulignées dans l’Ordo. Je me demande pourquoi elles n’y sont pas. Je trouve ces fêtes importantes, autant que saint Padré Pio, ou sainte Bernadette Soubirous. (Ceci étant dit, je ne veux pas paraître mésestimer ces derniers, que je prie autant que les deux premiers.)
Merci pour votre bienveillante attention et pour votre information. Félicitations pour la présentation de l’Ordo que je fréquente beaucoup.
Sr R.-A. D.
NDLR : Depuis la rédaction de cette réponse, en 2012, la mémoire facultative de sainte Faustine Kowalska a été ajoutée au calendrier romain par un décret du pape François (18 mai 2020, Prot. N.229/20). Elle peut être célébrée le 5 octobre. Néanmoins, comme l’argumentation de la réponse peut s’appliquer à d’autres saints et saintes du Martyrologe, nous avons conservé le texte intégral de cette réponse, qui est toujours aussi pertinent.
Bonjour Sr R.-A.,
Votre question est très intéressante et nous est souvent posée, non seulement pour sainte Faustine ou le bienheureux Jean-Paul II, mais aussi pour le bienheureux Jean XXIII ou saint Josemaria Escriva de Balaguer, et pour beaucoup d’autres. (NDLR : Jean-Paul II et Jean XXIII ont depuis été canonisés, le 27 avril 2014.)
La première distinction à faire est entre le calendrier universel de l’Église et le calendrier liturgique. Le Martyrologe romain, que vous appelez le calendrier universel de l’Église, mentionne les dates de mémoire de tous les saints et saintes, bienheureuses et bienheureux de l’Église latine; il s’agit de milliers de personnes. Le calendrier liturgique, de son côté, est beaucoup plus restreint, et on le retrouve en premier lieu dans le Missel romain; il s’agit des fêtes observées partout dans l’Église latine. Il y a ensuite les calendriers propres d’un pays, d’une région ou d’un diocèse, ou encore, d’une communauté religieuse déterminée.
Sainte Faustine, par exemple, est inscrite au Martyrologe romain le 5 octobre, comme vous le soulignez. Mais elle ne figure pas au calendrier du Missel romain général. Elle est néanmoins célébrée en Pologne, dans sa communauté religieuse, et aussi dans d’autres pays qui en ont expressément fait la demande et que la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a acceptée. Pour les bienheureuses et les bienheureux, aucun n’est inscrit au calendrier liturgique du Missel romain, mais uniquement dans leur pays d’origine et de vie.
Pour inscrire un saint, une sainte, un bienheureux ou une bienheureuse dans le calendrier liturgique d’un pays ou d’un diocèse, il faut que cette personne ait vécu ou soit morte dans ce diocèse ou ce pays. Il faut aussi qu’il ou elle fasse l’objet d’une large dévotion de la part du peuple de Dieu. Les évêques concernés se prononcent alors sur l’opportunité d’inscrire cette fête dans un calendrier liturgique particulier et en font la demande à la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements qui acceptera ou non de le faire et de l’approuver.
Toutefois, lorsque le calendrier liturgique n’a pas de fête ou de mémoire obligatoire, on peut célébrer une mémoire facultative de tous les saints ou saintes inscrits au Martyrologe romain ce même jour. Je reprends l’exemple du 5 octobre. Il s’agit d’un jour de férie, à moins que cette date tombe un dimanche. Il est donc possible de célébrer la mémoire facultative de sainte Faustine ce jour-là, ou encore, la mémoire des 19 autres saints ou saintes inscrits à cette date dans le Martyrologe romain.
Tout cela est un peu complexe, mais je souhaite néanmoins avoir apporté un peu de lumière dans votre interrogation.
Avec mes salutations cordiales,
G. B.
Mémoire non inscrite dans l'Ordo
Q. Est-ce que l’on peut célébrer une mémoire qui n’est pas inscrite dans l’Ordo du Canada mais qui est célébrée dans un autre pays?
M.-É.
R. La réponse simple est oui, si elle est inscrite au martyrologe romain. Toutefois, d’autres facteurs entrent en compte : il faut que cette mémoire soit célébrée le même jour que son inscription au martyrologe, si ce jour est une férie ou une mémoire facultative. Il faut aussi que cette mémoire soit célébrée dans le but d’apporter un bienfait pastoral pour la communauté, et non seulement en fonction de la piété personnelle du prêtre. On célèbre normalement une messe votive.
M. C.
sur les gestes et les symboles
Cierges et cire d’abeilles : obligatoire ou non?
Q
Bonjour,
J’ai une question à propos de la cire des bougies d’exposition du Saint-Sacrement. Dans notre communauté, nous pratiquons l’adoration perpétuelle. Depuis quelques années, nous avons de plus en plus de difficultés avec les bougies que nous utilisons.
J’aimerais savoir quelle quantité de cire d’abeilles est demandée par l’Église, et aussi s’il y a un substitut qui est accepté ? La cire d’abeilles devient dispendieuse avec les pertes enregistrées par les apiculteurs.
Je vous remercie à l’avance,
R
À propos de votre question sur les cierges en cire d’abeilles, elle ne peut tomber plus à point, puisque le directeur de l’ONL est actuellement (avril 2022) à Rome. Il a pu transmettre votre question au représentant francophone de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Il s’agit donc d’une information de source on ne peut plus officielle! La réponse parle de la cire utilisée pour le cierge pascal, mais peut fort bien s’appliquer aux cierges d’adoration.
Pour le cierge pascal, il n’y a aucune obligation d’utiliser de la cire d’abeilles. D’ailleurs il n’y a pas beaucoup de fabricants qui en confectionnent, puisque c’est un produit rare !
Quelques fabricants en mettent néanmoins un pourcentage significatif (parfois jusqu’à 30%), et il est sûr que cela a des avantages : une plus belle flamme, une meilleure odeur, un meilleur durcissement avec le temps. Cela dit, même si on peut considérer cet usage comme relevant de la convenance, l’Église n’impose aucune obligation d’utiliser de la cire d’abeilles.
Quand et comment faire l'installation de la crèche de Noël?
Q – Est-ce qu’il existe des règles officielles à propos du moment pour installer la crèche de Noël dans une église, de même qu’à propos de la disposition des personnages dans cette crèche?
R – La Présentation générale du Missel romain ne donne aucune indication à propos de l’installation de la crèche de Noël et des personnages qui l’habitent. Deux passages peuvent cependant donner une piste de réflexion sur cette question : les articles 305 et 313 (qui portent respectivement sur la décoration florale et l’usage de l’orgue) mentionnent que si l’Avent est une période d’attente joyeuse, il faut éviter d’anticiper « la joie complète de la Nativité du Seigneur ». En appliquant ce principe à la crèche de Noël, on pourrait penser à un aménagement progressif de cette crèche tout au long de l’Avent. Par ailleurs, pour des raisons de logique évidentes, il serait incongru que l’Enfant-Jésus y soit déjà présent avant la célébration de sa naissance…
Sur la question des crèches, et plus largement, de la décoration durant le temps de l’Avent et de Noël, un intéressant article avait été écrit il y a quelques années par Jacques Houle, où il donne de judicieux conseils à propos des crèches de Noël, tout en soulignant toute la place qu’elles peuvent occuper sur le plan de la catéchèse, au-delà de l’aspect purement décoratif. (Vivre et célébrer no 196, hiver 2008, p. 55)
Peut-on conserver la couronne de l'Avent durant le temps de Noël?
Q – Dans notre paroisse, nous avons pris l’habitude de conserver la couronne de l’Avent jusqu’au 1er janvier. Que dire de cette pratique?
R – La couronne de l’Avent symbolise cette période de l’année liturgique qu’on qualifie parfois d’attente joyeuse. Il n’y a pas de règles officielles à propos de son usage, mais le fait qu’on y allume progressivement les quatre bougies, d’un dimanche à l’autre, illustre bien le cheminement vers la célébration de la Nativité du Seigneur. D’ailleurs, le nom même de couronne de l’Avent dit clairement la signification de ce symbole. À partir de Noël, nous changeons de couleur et de temps liturgiques. Si on la conserve, cette couronne de l’Avent n’a plus autant de sens et elle risque d’encombrer l’espace liturgique, probablement occupé aussi en bonne partie par la crèche de Noël.
Pour nuancer ce premier paragraphe, toutefois, mentionnons qu’en certains lieux, en Irlande notamment, on conserve effectivement la couronne de l’Avent durant le temps de Noël. Il faut cependant préciser qu’en plus des quatre bougies (trois violettes et une rose), une bougie blanche est ajoutée au centre, laquelle est allumée pour Noël.
Sur les questions et les traditions entourant la couronne de l’Avent, on pourrait lire un article intéressant écrit par un pasteur luthérien, Eric Dick. Dans son article, il trace les grandes lignes de l’histoire de cette tradition, ainsi que les significations associées à ces traditions, y compris dans les milieux catholiques. (Vivre et célébrer no 224, hiver 2015, p. 55)
Comment et quand allumer le cierge pascal aux funérailles?
Q – Lors des funérailles dans notre milieu, il est d’usage de garder le cierge pascal éteint au moment des condoléances dans l’église. Il est également éteint au début de la célébration. Après la prière d’ouverture et un mot d’accueil, le prêtre prend un petit cierge qu’il allume à partir d’un des cierges d’autel, puis demande à un membre de la famille d’aller allumer le cierge pascal avec ce cierge. Que penser de cette pratique?
R – Le livre Dans l’espérance chrétienne est assez explicite sur l’usage du cierge pascal lors des funérailles : « On mettra en valeur le cierge pascal qui aura été allumé avant la célébration. On peut disposer auprès du cercueil d’autres cierges qu’on allumera à partir du cierge pascal. »
Pour bien comprendre le sens des gestes, il faut se rappeler ce que symbolise le cierge pascal : allumé pour la première fois au début de la Veillée pascale, il symbolise la présence du Christ ressuscité, Lumière qui illumine les ténèbres. Sa présence dans l’église vient signifier que c’est le Christ ressuscité qui nous accueille. Allumer le cierge pascal à partir de la flamme d’un autre cierge est un contresens, à plus forte raison si cette flamme venait du cierge déposé près du défunt. Le Christ donne sa lumière au défunt, et non l’inverse.
Une ou deux aspersions lors des funérailles?
Q – Dans notre milieu, le prêtre fait une aspersion d’eau bénite sur le cercueil ou l’urne, au début de la célébration, en plus de celle qui est faite normalement au moment du dernier adieu. Est-ce une pratique qui contrevient aux règles liturgiques?
R – On observe effectivement cette pratique, parfois, notamment quand l’accueil se fait à l’arrière de l’église. Cependant, une note du livre La célébration des obsèques – Nouveau rituel des funérailles (Desclée-Mame, 1972) mentionne ceci : « Il vaut mieux réserver l’aspersion avec l’eau bénite pour le dernier adieu. » (cf. p. 17, no 45). Cette même remarque est reprise dans le livre Dans l’espérance chrétienne, à la page 78. Ainsi, sans interdire expressément cette pratique, le rituel ne la recommande pas.
Pourquoi revient-il au prêtre de présider la célébration de la Passion du Seigneur le Vendredi saint?
Q. Dans un contexte où des paroisses sont souvent composées de plusieurs lieux de culte, cette question me vient à l’esprit: est-ce que l’office de la Passion du Seigneur (Vendredi saint) peut être présidé par une religieuse accompagnée de laïques, lorsque le prêtre est déjà occupé à présider cette même célébration dans une autre église?
D.G.
R. Il y a plusieurs éléments dont il faut tenir compte pour répondre à cette question de la présidence de la célébration de la Passion du Seigneur le Vendredi saint par un laïc, une religieuse, voire un diacre.
1. Que dit le Missel romain? Il répond assez clairement à cette question, quand il mentionne que «le prêtre et le diacre, s’il y en a un, revêtus des vêtements de la messe, qui sont de couleur rouge, s’avancent vers l’autel en silence et, après l’avoir salué, ils se prosternent face contre terre ou se mettent à genoux » (Missel romain, édition 2021, p. 189, rubrique 5). La célébration de la Passion du Seigneur est un des moments du Triduum pascal qui n’est pas séparé des deux autres, soit la messe du soir en mémoire de la Cène du Seigneur et la Veillée pascale. Le Triduum pascal consiste en une seule célébration répartie en trois étapes pour faire mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. C’est pourquoi il revient au pasteur de la communauté de présider ces trois célébrations. Le prêtre revêt d’ailleurs la chasuble rouge, vêtement de la messe, pour montrer le lien entre la célébration eucharistique de la veille réalisée en mémoire de la Cène du Seigneur et celle de Passion et de la Croix du Seigneur. Il distribuera le pain consacré, le Corps du Christ, pour manifester l’aspect glorieux de la Croix du Christ et la participation déjà anticipée de chacun des fidèles au mystère du Christ pascal. La présidence de cette célébration revient donc au prêtre de la communauté. Il en sera différent pour le Chemin de la croix qui est plus d’ordre dévotionnel et qu’un diacre ou un laïque peut présider.
2. Toutefois, en raison d’un contexte de manque de prêtre et en pays de mission, un diacre ou une personne laïque pourrait éventuellement présider cette célébration qui n’est pas une liturgie de la Parole comme une autre, puisqu’elle fait partie du mouvement du Triduum pascal au sens propre du mot. Peut-être serait-il plus juste alors de parler d’une Célébration de la Parole et non pas de la Célébration de la Passion du Seigneur, tout en proclamant le récit de la Passion et en utilisant les autres éléments de la grande prière de l’Église. La distribution de la communion pourrait également faire partie de l’action liturgique si elle est une pratique reconnue dans le milieu et par l’évêque du lieu. Il pourrait également y avoir un choix entre cette célébration et celle d’un Chemin de la Croix qui laisse plus de place à la créativité et qui prête moins à la confusion.
3. D’autres aspects sont à examiner : est-ce que les distances sont un obstacle à ce que tous les fidèles se réunissent dans un seul lieu, là où l’office serait présidé par le prêtre? Est-ce que l’église est assez grande pour réunir tous ces fidèles? Si la distance n’est pas trop grande et que l’église est assez vaste, pourquoi disperser les célébrations?
L.-A. N.
La pratique des lampions
Q. Beaucoup de chrétiens de nos paroisses ont l’habitude d’allumer des lampions ou lampes de dévotion dans nos églises avant ou après la messe, ou bien lors de passage dans les lieux de pèlerinage.
Comment pourrais-je expliquer ce geste à d’autres chrétiens?
D. G.
R. La pratique d’allumer un lampion relève de la dévotion, mais possède un symbolisme très fort. Il importe surtout de ne pas y voir une forme de magie ou de superstition, ce qui dénaturerait le sens de cette belle pratique.
Le lampion allumé peut être vu comme le prolongement de la prière : une personne est passée par là, a adressé une prière à Dieu, prière qui peut aussi être une Action de grâce, parfois. Cette personne a physiquement quitté les lieux pour vaquer à ses occupations, mais le lampion poursuit silencieusement sa prière. Il y a même un fond évangélique dans cette pratique, puisque Jésus lui-même a dit à ses disciples : « Restez éveillés et priez en tout temps ». (Luc 21, 36)
Par ailleurs, la présence de multiples lampions – pensons ici aux lieux de pèlerinage – vient signifier la multitude des prières qui montent vers Dieu. Comme une forme de communion des saints, ces nombreuses personnes s’unissent dans la prière, même si elles ne sont pas passées au même moment.
Enfin, si ces lampions signifient les prières qui montent vers Dieu, leur éclairage – surtout dans la pénombre – vient symboliser la lumière du Christ éclairant l’humanité, répondant ainsi à la prière.
Voilà les quelques pistes de réflexion qui pourront guider vos interlocuteurs.
M.C.
La couleur de la nappe d'autel
Q. J’aimerais savoir quelle doit-être la couleur de la nappe d’autel durant le temps du Carême et de l’Avent. Peut-on mettre une nappe de couleur violette? Dans quel document officiel sur la liturgie trouve-t-on ces renseignements?
C.D.
R. La principale source pour trouver des réponses à ce genre de question est la Présentation générale du Missel romain (PGMR). On trouve ce texte en version imprimée dans L’art de célébrer la messe : Présentation générale du Missel romain, Paris, Desclée-Mame, 2008. On peut également le consulter en ligne, sur le site du Vatican. Un lien y conduit directement à partir de la présente page, à l’onglet La PGMR, à la gauche de l’écran.
Cette source officielle donne les directives suivantes à propos de la décoration de l’autel :
304. Par respect pour la célébration du mémorial du Seigneur et pour le banquet où nous sont donnés le Corps et le Sang du Seigneur, on mettra sur l’autel où l’on célèbre au moins une nappe blanche qui par sa forme, ses dimensions et sa décoration convienne à la structure de cet autel.
L’article suivant donne quelques directives complémentaires quant à la décoration en fonction du temps liturgique :
305. Pour décorer l’autel, on fera preuve de sobriété.
Pendant l’Avent, l’autel sera décoré de fleurs avec la sobriété qui convient au caractère de ce temps et sans anticiper la joie complète de la Nativité du Seigneur. Pendant le Carême, les fleurs à l’autel sont interdites, à l’exception du quatrième dimanche (Laetare), des solennités et des fêtes.
La décoration florale doit toujours être discrète, et disposée autour de l’autel plutôt que sur la table.
À la lecture de l’article 304, on constate donc qu’il faut « au moins une nappe blanche », mais non exclusivement. Il y a donc ouverture à l’usage d’une nappe de la couleur liturgique du temps, à condition qu’une nappe blanche couvre le dessus de l’autel, en entier ou en partie. L’usage est aussi d’avoir la couleur liturgique sur le devant de l’autel (qu’on appelle l’antependium), avec une nappe blanche sur le dessus.
M.C.
Exposer le Saint-Sacrement après la messe
Q. On me pose parfois des questions sur le déroulement de la fin de la messe lorsqu’il y a exposition du Saint-Sacrement. Quand allume-t-on les cierges qui accompagneront l’ostensoir déposé sur l’autel? Je vous remercie de m’éclairer à ce sujet.
D.G.
R. Une bonne source d’inspiration pour préparer une telle exposition est le livre Culte eucharistique en dehors de la messe (éditions de la CECC, 20071). La quatrième section de cet ouvrage porte précisément sur « les différentes formes de culte à rendre à l’Eucharistie », incluant l’exposition du Saint-Sacrement et, au sujet de la question posée ici, la poursuite de l’adoration eucharistique après la célébration de la messe.
Un premier point est noté dans le Missel romain (p. 449 dans le petit format) : « Si la messe est suivie par quelque action liturgique, on omet le rite de conclusion. » Cette note rejoint l’article 94 de Culte eucharistique en dehors de la messe : « La messe se terminera par la prière après la communion, en omettant les rites de conclusion. » Plus spécifiquement, on pourrait subdiviser la séquence rituelle ainsi :
Les cierges qui accompagneront l’ostensoir (ou le ciboire, s’il y a lieu) sont allumés discrètement sur l’autel, vers la fin de la communion. Après la communion, le ministre place la lunule dans l’ostensoir déposé sur l’autel;
Le ministre se rend à son siège présidentiel pour dire la prière après la communion;
Le ministre se rend devant le Saint-Sacrement, se met à genoux pour un court moment d’adoration, puis encense (3 fois 3 coups, selon les normes de l’encensement); ensuite, il se retire;
Un temps convenable sera prévu pour l’adoration. Cette adoration peut être accompagnée et soutenue par des lectures de la Parole de Dieu, par des cantiques et des prières. Il est cependant essentiel de conserver des temps de silence.
L.-A. N.
1 Il s’agit de la réimpression du contenu d’un numéro du Bulletin national de liturgie publié en 1982.
Usage du cierge pascal
Le 14 octobre 2011
Y a-t-il des circonstances où il ne serait pas de mise d’utiliser le cierge pascal?
G. D.
Normalement, le cierge pascal est utilisé à trois moments bien déterminés :
1. Durant tout le Temps pascal, cela va de soi;
2. Lors de la célébration des funérailles;
3. Lors de la célébration du baptême, « afin que les cierges des nouveaux baptisés soient allumés à sa flamme » (Missel romain, p. 249).
À l’exception de certaines célébrations qui commémorent le baptême, le cierge pascal n’est normalement pas utilisé pour le reste de l’année liturgique.
M. C.
Debout pour la sortie?
Ma question se rapporte à la conclusion de la célébration eucharistique. Doit-on rester debout jusqu’à ce que le prêtre soit rendu à l’arrière de l’église?
G. D.
La Présentation générale du Missel romain, de même que le missel lui-même ne donnent aucune indication sur ce point précis. Toutefois, on peut considérer la pratique de demeurer debout pour la sortie du prêtre comme relevant de la convenance. En d’autres mots, c’est une marque de politesse.
M. C.
Cierges ou lampe à l'huile?
Q. Dans notre communauté, nous nous demandons s’il est possible d’utiliser, autour de l’autel, des lampes à l’huile qui ont la forme d’un cierge, à la place des cierges traditionnels en cire. Certaines trouvent que c’est plus simple à entretenir, mais n’est-ce pas une entorse aux règles liturgiques?
D. G.
R. La PGMR ne donne pas de réponse spécifique à cette question. Il est cependant possible d’y trouver quelques pistes de réflexion. On y mentionne, dans le numéro 292, que l’« on aura souci de la vérité des choses ». À l’article 307, on mentionne que « des chandeliers sont requis […] afin d’exprimer notre vénération et le caractère festif de la célébration ». L’article 117 mentionne également l’usage de « chandeliers avec des cierges allumés ». À première vue, ces articles sembleraient privilégier les cierges en cire. Mais on peut pousser la recherche un plus loin.
Le Code de droit canonique révèle que la lampe allumée en permanence devant le Saint Sacrement doit, en raison de son symbolisme, être alimentée « par de la cire ou de l’huile » (Can. 940). Il est donc possible de placer une lampe alimentée à l’huile devant le tabernacle. Alors, pourquoi pas autour de l’autel? Après tout, l’huile est un élément naturel, au même titre que la cire. Jésus lui-même parle de lampes à l’huile, notamment dans la parabole des dix vierges (Mt 25,1-13).
Enfin, deux autres articles de la PGMR (348 et 351) soulignent que tout objet utilisé en liturgie « doit être digne et répondre à sa destination ». On y parle également de « noble simplicité ». On peut présumer que des lampes en forme de cierge, si elles sont conçues pour un usage liturgique, ont été fabriquées avec soin, qu’elles sont esthétiquement belles et qu’elles remplissent leur fonction avec dignité, peu importe la matière qui en alimente la flamme.
Bref, il s’agit d’un sujet où il est difficile de trancher par un « oui » ou un « non ». Tout est une question de discernement et de réflexion, en fonction du contexte spécifique. Et pour terminer cette réflexion, un bref retour historique : dans les premiers siècles de l’Église, on se servait de… lampes à l’huile. Les cierges sont arrivés par la suite, quand l’usage de la cire s’est développé.
M. C.
Heure de la Veillée pascale
Q. Le Missel romain précise que «la Veillée pascale se célèbre entièrement de nuit [et] qu’elle doit être achevée avant l’aube du dimanche». Mais à quel moment précis tombe la nuit?;
R. L’astronomie définit deux principaux crépuscules: le crépuscule civil et le crépuscule nautique. Le crépuscule civil, en bref, est le moment où le soleil est disparu mais encore à moins de 6 degrés sous la ligne d’horizon. Le crépuscule nautique, de son côté, correspond au moment où le soleil est situé entre 6 et 12 degrés sous la ligne d’horizon. Un certain consensus s’est établi pour considérer le crépuscule nautique comme le début de la nuit, donc le moment auquel on peut commencer la Veillée pascale[1]. L’heure du crépuscule – civil ou nautique – varie en fonction de la longitude et de la latitude du lieu. Il est possible d’en trouver l’heure exacte pour les principales villes du Canada en consultant le site Internet du Conseil national de recherches du Canada. Le tableau qui suit présente les heures du crépuscule civil et du crépuscule nautique (selon l’heure normale) pour quelques villes canadiennes qui pourront servir de points de référence.
Il est à noter que le Conseil de recherches du Canada fournit les données selon l’heure normale, en fonction des différents fuseaux horaires.Ce sont ces heures qui sont inscrites dans le tableau. Dans les régions qui passent à l’heure avancée au printemps, il ne faut donc pas oublier d’ajuster l’heure en fonction des usages locaux.
Ville/date |
11 avril |
3 avril |
16 avril |
8 avril |
30 mars |
19 avril |
St-Jean |
c – 19h18 |
c – 19h05 |
c – 19h25 |
c – 19h12 |
c – 19h00 |
c – 19h30 |
Halifax |
c – 19h26 |
c – 19h15 |
c – 19h32 |
c – 19h21 |
c – 19h10 |
c – 19h37 |
Moncton |
c – 19h33 |
c – 19h21 |
c – 19h39 |
c – 19h28 |
c – 19h16 |
c – 19h44 |
Sept-Îles |
c – 18h48 |
c – 18h35 |
c – 18h56 |
c – 18h42 |
c – 18h28 |
c – 19h02 |
Québec |
c – 19h00 |
c – 18h48 |
c – 19h07 |
c – 18h55 |
c – 18h43 |
c – 19h12 |
Trois-Rivières |
c – 19h05 |
c – 18h53 |
c – 19h11 |
c – 18h59 |
c – 18h48 |
c – 19h16 |
Montréal |
c – 19h07 |
c – 18h56 |
c – 19h14 |
c – 19h02 |
c – 18h51 |
c – 19h18 |
Ottawa |
c – 19h15 |
c – 19h04 |
c – 19h21 |
c – 19h10 |
c – 18h59 |
c – 19h26 |
Sudbury |
c – 19h38 |
c – 19h27 |
c – 19h45 |
c – 19h33 |
c – 19h21 |
c – 19h50 |
Winnipeg |
c – 19h51 |
c – 19h37 |
c – 19h59 |
c – 19h45 |
c – 19h31 |
c – 20h04 |
Calgary |
c – 20h02 |
c – 19h47 |
c – 20h10 |
c – 19h55 |
c – 19h41 |
c – 20h16 |
Vancouver |
c – 19h33 |
c – 19h20 |
c – 19h41 |
c – 19h27 |
c – 19h14 |
c – 19 h 46 |
Dans le tableau ci-dessus, les fuseaux horaires sont les suivants: St-Jean est à l’heure normale de Terre-Neuve; Halifax et Moncton sont à l’heure normale de l’Atlantique; de Sept-Îles à Sudbury, c’est l’heure normale de l’Est qui est inscrite; Winnipeg et Calgary sont respectivement à l’heure normale du Centre et à l’heure normale des Rocheuses; enfin, Vancouver est à l’heure normale du Pacifique.
[1] Source: National bulletin on liturgy, vol. 37, no 179, hiver 2004.
Récit de l'Institution sur «Amazing grace»
Q. Il arrive à l’occasion que l’on entende le récit de l’Institution (qu’on appelle aussi la consécration) non pas dit par le prêtre, mais chanté sur l’air de Amazing grace par un groupe de choristes, le prêtre se réservant uniquement les paroles du Christ « Prenez, et mangez-en tous […] ». Cette pratique a pour but, dit-on, de solenniser ce moment de la célébration. Que dire à propos de cette pratique?
P.D.
R. Cette pratique est contraire à l’esprit et à la lettre de la Présentation générale du Missel romain. L’article 147 est clair : « La Prière eucharistique exige, de par sa nature, que seul le prêtre la prononce, en vertu de son ordination » (ce qui n’exclut évidemment pas les interventions prévues de l’assemblée). Le récit de l’Institution est une composante de la Prière eucharistique. Il va de soi que sa lecture est strictement réservée au prêtre, ou à l’ensemble des concélébrants, le cas échéant. De plus, il ne faut en aucun cas changer le texte de ce récit, ce qui est le cas lorsqu’il est chanté sur la musique d’Amazing grace.
Faire chanter une partie du récit par des choristes constitue donc une sérieuse entorse aux règles liturgiques. Ces choristes n’agissent pas In persona Christi dans la célébration. Il conviendrait peut-être ici de rappeler l’article 28 de la constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium qui dit clairement que, dans la célébration eucharistique, chacun fera « seulement et totalement » ce qui lui revient.
Si l’on souhaite vraiment solenniser ce moment, le Missel romain ainsi que le Missel des dimanches offrent des cantillations spécifiquement destinées au récit de l’Institution. D’ailleurs, la PGMR suggère l’utilisation de ces cantillations lors d’une messe concélébrée, afin de faciliter la compréhension du texte. Pourquoi ne pas puiser à ces trésors trop souvent négligés?
M.C.
Exposer les photos du pape ou de l'évêque
Q. Est-ce que vous pourriez clarifier la question suivante pour nous? Lors d’une réunion, nous avons eu une discussion à propos des photos et illustrations que l’on peut ou non placer dans les églises. Certaines personnes affirmaient qu’on ne peut exposer que des illustrations de saints et de bienheureux, ce qui exclut la photo du pape ou celle de l’évêque diocésain. D’autres personnes, au contraire, ne voyaient pas de problème à ce qu’on expose ces photos du pape et de l’évêque. Qu’en est-il? Peut-on les exposer? Et si oui, y a-t-il des lieux plus appropriés que d’autres pour exposer ces photos?
C.A.
R. Merci pour votre intéressante question, dont la réponse demande plusieurs nuances. Pour y répondre, il a été nécessaire de consulter le Code de droit canonique (Can. 1187 et 1188), de même que l’article 318 de la Présentation générale du Missel romain.
L’article 1187 du Code dit ce qui suit : « Il n’est permis de vénérer d’un culte public que les serviteurs de Dieu qui ont été inscrits par l’autorité de l’Église au catalogue des saints ou des bienheureux. » L’article suivant parle des images saintes proposées à la vénération des fidèles, qui doivent être « exposées en nombre modéré ».
Pour ce qui est des photos du pape ou de l’évêque, on n’en fait aucune mention dans ces documents officiels. Il faut mentionner qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’« images saintes », comme le serait une représentation de la Vierge, de Joseph ou d’un Apôtre, par exemple. Ces photos du pape et de l’évêque, disposées à un endroit approprié, signifient plutôt l’appartenance d’une communauté locale à une Église plus large : d’abord l’Église diocésaine, signifiée par la photo de son évêque titulaire, puis l’Église universelle, signifiée par la photo du pape. L’important est de disposer ces photos de façon à ce qu’il n’y ait pas confusion entre la vénération pour les saints et les bienheureux, d’une part, et le respect légitime pour les évêques et le pape, d’autre part. En pratique, ces photos seront très souvent disposées dans le portique de l’église, ou encore sur le mur arrière de la nef.
M.C.
sur la musique liturgique
Que penser des chants non liturgiques lors des funérailles?
Q – Que penser de l’usage des chants non liturgiques lors des funérailles?
R – Pour répondre à cette question, il faut d’abord se demander ce que fait l’Église lors de la célébration des funérailles. Le rituel des funérailles (article 1, p. 8) décrit fort bien le sens et le but des funérailles chrétiennes :
On prie pour qu’ils [les défunts] passent avec le Christ de la mort à la vie, qu’ils soient purifiés dans leur âme et rejoignent au ciel tous les saints, dans l’attente de la résurrection des morts et la bienheureuse espérance de l’avènement du Christ.
Toutefois, dans l’esprit de beaucoup de personnes, ces rites sont compris essentiellement comme un hommage au défunt. De cette divergence de vues surgit souvent un malentendu sur le rôle de la musique lors des funérailles. Alors que les familles souhaiteront souvent entendre des chants non liturgiques « que le défunt aimait », dans le but d’en rappeler le souvenir (et bien souvent exacerber les émotions), les buts du chant liturgique lors des funérailles sont bien différents. Le rituel des funérailles décrit fort bien ces buts : « créer le juste climat de paix au-delà de la douleur, […] exprimer la prière de supplication et de foi pascale » (article 25, p. 12). Par ailleurs, chacun des chants intégrés à la célébration a une fonction qui lui est propre. Par exemple, le chant du dernier adieu est une invitation à l’espérance de la vie éternelle. « Sur le seuil de sa maison, notre Père t’attend. » nous dit ce chant. Remarquons aussi que c’est le seul moment de la liturgie des funérailles où le texte d’un chant s’adresse directement au défunt. Le remplacement de ce chant par une musique non liturgique viendrait en quelque sorte contredire le rite.
Musique pour nouvelles antiennes de psaumes
Q. Avec l’arrivée des nouveaux lectionnaires et la modification du texte de la plupart des antiennes de psaumes, les mélodies de ces antiennes seront forcément modifiées pour s’adapter aux nouveaux textes. Je me demandais s’il existe des recueils complets, avec les nouvelles mélodies. Est-ce que ces recueils couvriront les trois années liturgiques?
A.B.
R. Trois sources sont possibles pour trouver des mélodies adaptées aux nouveaux textes des antiennes.
1— Les recueils Célèbre ton Seigneur, publiés par Novalis. Ces recueils comprenent tous les psaumes pour les années A, B et C. Les musiques sont de Michel Guimont, maître de chapelle à la cathédrale d’Ottawa. Les mélodies sont souvent publiées dans le Prions en Église, mais les recueils offrent en plus les accompagnements pour orgue, autant pour les antiennes que pour les psalmodies. On peut commander ces fascicules chez Novalis :
https://fr.novalis.ca/products/celebre-ton-seigneur
2— Les recueils Le livre des psaumes, publiés par l’organiste et compositeur Gilles Maurice Leclerc, titulaire à l’Église Saint-François d’Assise, Ottawa. Les recueils pour les années A, B et C sont publiés et disponibles. Il est prévu que certaines de ces mélodies soient publiées dans le Prions en Église. Les recueils offrent eux aussi les accompagnements pour les antiennes et les psalmodies. Il est possible de se procurer ces recueils en communiquant avec l’auteur, à l’adresse courriel suivante :
gilles.leclerc7@sympatico.ca
3— Enfin, dans un style très différent, on peut trouver par Internet les psaumes mis en musique par l’auteur-compositeur Richard Vidal. On y accède par le lien suivant : http://psaume.ecdq.org/ . Sur cette page, il est possible d’écouter un enregistrement des psaumes et d’en télécharger gratuitement la partition en format PDF.
Voici donc les options qui sont actuellement possibles. À vous de choisir ce qui sera le plus apte à soutenir les psaumes, en fonction de l’assemblée avec laquelle vous êtes appelés à œuvrer.
M.C.
Le texte du Gloire à Dieu
Q. J’aimerais avoir des précisions concernant le texte du Gloire à Dieu. Dans la phrase « paix sur la terre aux hommes qu’il aime », quelques compositeurs remplacent le mot « homme » par « peuple ». Est-ce que c’est un changement qui peut-être effectué?
G. D.
R. Il s’agit effectivement d’une modification au texte que l’on observe parfois. La traduction du mot « hominibus » de la version latine par le mot « peuple » est inexacte et altère la signification de la phrase latine. Le véritable sens de « hominibus » est « homme », au sens générique du terme (donc englobant le genre féminin aussi). Par ailleurs, une vérification dans le recueil D’une même voix révèle que toutes les versions retenues dans cet ouvrage emploient le mot « homme », ce qui est révélateur de la version à privilégier. En stricte matière de règle liturgique, l’emploi du mot « peuple » est inapproprié. Par ailleurs, la nouvelle édition de la Présentation générale du Missel romain est encore plus explicite que les éditions précédentes, en spécifiant qu’on « ne peut jamais remplacer le texte de cette hymne par un autre » (PGMR, n. 53). Les modifications au texte du Gloire à Dieu sont évidemment un exemple de plus des divergences que l’on constate souvent entre les prescriptions officielles et les pratiques courantes sur le terrain paroissial.
M. C.
Peut-on remplacer le psaume?
Q. Lors des célébrations du temps de Noël, l’an dernier, l’organiste m’a dit qu’on ne pouvait remplacer le psaume par un cantique populaire. Pourtant, je dirige une chorale depuis longtemps et c’est ce que j’ai toujours fait, sans que personne me le reproche, pas même le curé. Puis-je continuer à faire de même sans me soucier du commentaire de l’organiste?
D. C.
R. Sûrement pas, puisqu’il a parfaitement raison! Mais, au-delà de cette réponse brève et tranchante (une réponse d’organiste…), il faut surtout prendre le temps de lire la Présentation générale du Missel romain,qui est très claire sur cette question et qui affirme que le psaume responsorial «fait partie intégrante de la liturgie de la Parole» (PGMR, n. 61). La pratique de remplacer le psaume par un autre chant (que l’on observe souvent aussi lors de funérailles et de mariages) est donc une entorse sérieuse aux règles liturgiques. Par ailleurs, l’Ordo est encore plus explicite, s’il est possible de l’être, que la PGMR: «Le psaume est un poème de louange destiné à être chanté; si sa forme et son contenu sont lyriques, il n’en est pas moins parole de Dieu. Aussi, on ne doit jamais le remplacer par un autre chant.» (Ordo 2020, p. 49; l’indication est même inscrite en caractères gras.)
Il faut comprendre ici que le remplacement du psaume par un autre chant, aussi beau et aussi traditionnel soit-il, prive l’assemblée d’une partie importante et fort belle de la liturgie de la Parole. On a qu’à penser ici à ce merveilleux verset du Psaume 95 de la liturgie de la Parole pour la messe de la nuit, à Noël:
Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
pour gouverner le monde avec justice.
Au-delà de toute question de règles liturgiques, est-il convenable de dire à Dieu de taire son chant quand il nous dit des mots aussi beaux? Poser la question, c’est y répondre.
M. C.
« Christ est venu » : approprié ou non pour l'anamnèse?
Q. J’aimerais savoir si le chant Christ est venu est approprié au moment de l’anamnèse. Comme il ne s’agit pas du texte officiel que l’on trouve dans le Missel, je ne suis pas certain de la pertinence de ce chant à ce moment. J’aimerais connaître votre position sur cette question afin d’en faire part aux responsables de liturgie dans mon milieu.
R. I.
R. Effectivement, le texte du chant Christ est venu ne correspond pas au texte prescrit dans le Missel. À l’instar du Gloire à Dieu et de tous ces chants qu’on appelle parfois « l’ordinaire de la messe », il s’agit ici d’un texte officiel qui ne devrait pas être modifié. Cela est d’autant plus important qu’il s’agit en plus d’une acclamation – ce mot est important – qui est partie intégrante de la prière eucharistique.
Au-delà de cette explication par le respect d’une règle à suivre, il est intéressant de se demander pouquoi Christ est venu ne convient pas pour l’anamnèse. La raison en est relativement simple. Dans son texte, on se contente d’énoncer, à la troisième personne : « Christ est venu, Christ est né, Christ a souffert […] Christ est là. » Bref, on énumère au lieu d’acclamer, ce qui ne donne pas la même force au geste vocal posé, d’autant plus que ce chant est habituellement fait par la chorale seule alors que l’assemblée écoute passivement.
Si l’on examine les acclamations d’anamnèse publiées dans le recueil D’une même voix (p. 335 à 339), on remarque que le ton est très différent : « Nous proclamons ta mort […] nous célébrons ta résurrection […] ». Le geste posé par l’assemblée (nous) est solennel : nous proclamons, nous acclamons, nous célébrons. De plus, dans cette acclamation, l’assemblée s’adresse directement au Christ. La proclamation du mystère de la foi en est d’autant plus forte et éclatante, beaucoup plus qu’un énoncé à la troisième personne où le rôle l’assemblée se limite à écouter passivement.
M. C.
NDLR : À noter que dans l’édition 2021 du Missel romain, le texte de l’anamnèse a été modifié comme suit : « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection… ». Le reste est identique. Ce nouveau texte s’adapte sans difficulté aux mélodies déjà en usage.
Ave Maria et célébration eucharistique
Q. Il est très fréquent que l’on entende le chant de l’Ave Maria (ou d’autres chants à la Vierge) à différents moments de la célébration eucharistique, notamment à la préparation des dons et à la communion. Qu’est-ce à dire? Y a-t-il des moments ou des temps plus appropriés que d’autres pour intégrer ce chant à la liturgie?
D.B.
R. Il faut reconnaître ici que la pratique d’insérer un Ave Maria « à l’offertoire », comme on dit, fait partie de ces habitudes qu’il est particulièrement difficile de changer. Dans son livre Célébrer la foi, sens et art de la liturgie (Médiaspaul, 2012), Louis-André Naud apporte une très intéressante réflexion sur cette pratique (aux pages 143 à 147 de son livre, dont on ne peut que recommander la lecture). Il vaut la peine de citer textuellement le passage où il nous expose les critères à considérer pour l’intégration d’un chant à Marie dans la liturgie :
« L’art de célébrer demande un bon discernement pour utiliser de façon pertinente les chants adressés à Marie dans la prière de l’Église. Ainsi, durant les célébrations dominicales habituelles, il est inconvenant d’exécuter un chant marial lors de la présentation des dons ou à la communion, parce qu’il ne s’harmonise pas avec l’action liturgique toute centrée sur le mystère du Christ et son offrande au Père. Toutefois, sa place convient bien après la communion, dans un moment d’exaltation des dons reçus, à l’exemple de Marie qui a prié son Magnificat. »
L’auteur poursuit dans la même veine, en donnant des informations similaires sur l’intégration de l’Ave Marialors des funérailles et des mariages. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est d’éviter que ce chant en devienne à être une sorte d’action « en parallèle » à la liturgie, comme c’est le cas quand on le fait à la préparation des dons ou à la communion. Par contre, il n’y aurait pas d’inconvénient à l’intégrer après la communion, ou au moment de la signature des registres, ou encore après l’engagement (lors d’un mariage).
Un chant à Marie est évidemment parfaitement approprié lors d’une fête mariale, durant le mois de mai ou d’octobre, mais toujours en évitant de l’insérer à la préparation des dons ou à la communion. Bref, comme on pouvait le lire dans les textes conciliaires, le chant doit s’intégrer à l’action liturgique, et non pas devenir une action parallèle sans lien avec les gestes posés au moment de son exécution.
M.C.
sur les textes bibliques et les rituels
Reformuler la conclusion du Notre Père ?
Q.
Je me suis demandé parfois s’il n’y aurait pas lieu de changer les deux dernières demandes dans le Notre Père, c’est-à-dire le passage suivant :
« Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal. » à changer pour :
« Ne nous laisse pas entrer en tentation, et délivre-nous du mal. »
À mon point de vue, il me semble que ce serait mieux.
R.
Nous vous remercions pour votre question et pour votre suggestion. Vous comprendrez cependant que toute décision sur les textes liturgiques officiels ne relève pas uniquement de l’Église canadienne, et encore moins de l’Office national de liturgie.
Les formulations liturgiques francophones relèvent d’un organisme international, l’AÉLF (Association épiscopale liturgique pour les pays francophones). Cet organisme est responsable de toutes les traductions officielles (Lectionnaire, Missel, tous les rituels en français, etc.), lesquelles doivent en plus être confirmées par Rome (Confirmatio). Si votre proposition avait une chance de passer, il faudrait que ce soit à ce niveau-là.
Au-delà de ces questions de juridictions, d’autres éléments doivent être pris en compte. Comme vous le savez puisque vous citez « Et ne nous laisse pas entrer en tentation », la version actuelle du Notre Père en français est encore assez récente. Elle a fait l’objet d’une longue réflexion pour chacun des mots qui s’y trouvent, en se basant sur quatre facteurs : l’original grec qu’on trouve dans le Nouveau Testament ; la tradition latine qui porte ce texte depuis des siècles ; le sens théologique ; la qualité littéraire.
Le latin a une très longue tradition avec le mais : SED libera nos (« Sed » veut dire « mais ») ; cela est conforme au grec du Nouveau Testament (« ALLA rusai èmas » ; « Alla » veut aussi dire « mais »).
Au niveau du sens, du contenu lui-même, le mais signifie ici « mais au contraire » ou « mais, encore plus », au sens de « non seulement évite-nous d’entrer en tentation mais, encore mieux, délivre-nous du mal ».
D’ailleurs, la tradition francophone fait commencer le verset par et : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation », comme le grec qui commence par KAI (« KAI » veut dire « et »). Ainsi, du point de vue syntaxique, deux conjonctions et de suite ne font pas joli, d’où le « Et ne nous […] mais […] » qui est mieux formulé.
Mais en conclusion, le plus important, c’est le sens : sur ce point, le mais n’est pas une erreur, il signifie vraiment ce qui est expliqué ci-dessus, en parfaite conformité avec le sens des versions grecques et latines, de traditions séculaires.
Merci de vous intéresser à ces questions. Si vous avez d’autres suggestions, n’hésitez pas. Chacune mérite d’être reçue et considérée. Même s’il n’est pas toujours possible d’y donner suite à notre niveau, cela permet d’alimenter d’intéressantes réflexions.
Peut-on faire une deuxième lecture lors des funérailles?
Q – Est-il permis, lors de funérailles, de faire une deuxième lecture après le psaume, avant la lecture de l’évangile?
R – Bien que la pratique courante soit de ne faire qu’une lecture, suivie du psaume et de l’évangile, rien n’interdit de faire une deuxième lecture, après le psaume et avant l’évangile. D’ailleurs, le lectionnaire des funérailles propose un bon nombre de lectures possibles. On peut donc considérer que la décision d’ajouter ou non cette lecture relève de questions de pastorale, en fonction de l’assemblée présente aux funérailles. (Voir Missel des défunts, p. 72, rubrique no 9, où la possibilité d’une deuxième lecture est clairement mentionnée.)
Lire intégralement le titre des lectures
Q. Dans la liturgie de la Parole, on observe parfois une tendance à abréger les titres des lectures. Cela se constate dans plusieurs églises, et parfois même à l’émission Le Jour du Seigneur. À titre d’exemple, pour la première lecture du 14 février dernier (NDLR, 2016), l’introduction à la première lecture était « Du livre du Deutéronome »; pour la deuxième lecture, « De saint Paul Apôtre aux Romains ». Que penser de cette pratique?
P.D.
R. Nous avons également remarqué cette pratique dont le bien-fondé est discutable. S’il s’agit de « gagner du temps », force est de constater que quelques syllabes de plus ou de moins ne changeront pas grand-chose… Plus sérieusement, on argue parfois que, l’assemblée sachant fort bien que l’on s’apprête à faire une lecture, les mots Lecture de deviennent une redondance, ce qui n’est pas tout à fait faux. Faut-il pour autant escamoter ces mots?
Dans le cadre formel de la liturgie, la pratique d’abréger le titre n’est pas à conseiller. D’ailleurs, le texte de l’introduction de la nouvelle traduction liturgique de la Bible (p. 30-31 dans l’édition en petit format) donne de judicieux conseils à propos de la lecture publique des textes bibliques. On y suggère d’annoncer ainsi le titre du livre que l’on s’apprête à lire : « Lecture du livre de la Genèse », « Lecture de la Deuxième lettre de saint Paul, apôtre, aux Corinthiens », etc. On remarquera que ces formulations correspondent à ce que l’on retrouve dans le Lectionnaire.
La parole de Dieu mérite que l’on prenne le temps de l’écouter. Notons que la Présentation générale du Lectionnaire romain (l’introduction du Lectionnaire) propose justement d’éviter toute forme de précipitation dans la liturgie de la Parole. On suggère même de prévoir, en fonction de l’assemblée présente, des moments de silence qui favorisent l’intériorisation de la Parole entendue. Dans cette optique, l’énonciation intégrale du titre n’est-elle pas un moyen de nous forcer à ralentir pour prendre le temps d’écouter la Parole? Il s’agit aussi d’un moyen simple de solenniser la lecture et d’en signifier le statut de parole de Dieu.
M.C.
Frères ET soeurs?
Q. Nous sommes présentement en train de faire de la formation liturgique à notre paroisse, plus spécifiquement pour nos lecteurs et lectrices. Pour tenir compte de la question du langage inclusif, est-ce que vous pourriez nous indiquer la façon appropriée de commencer une lecture durant la célébration eucharistique? Est-ce qu’on doit dire « Frères », « Frères et sœurs », ou aucune des deux formules?
P. C.-B.
R. Si c’est déjà écrit « Frères » dans le lectionnaire dominical, il est tout à fait approprié de dire « Frères et sœurs » pour la lecture publique, compte tenu de notre contexte culturel et de notre sensibilité au langage inclusif. D’ailleurs, c’est ce que suggère l’introduction de la nouvelle traduction liturgique de la Bible, dans les conseils relatifs à la lecture publique (p. 31). Toutefois, il faut faire preuve de discernement. Il ne s’agit pas d’ajouter partout « Frères et sœurs ». Dans une grande partie des textes du Nouveau Testament, les auteurs s’adressent à une collectivité composée d’hommes et de femmes : les Romains, les Corinthiens, les Éphésiens, etc. Dans ces cas, aucun problème à dire « Frères et sœurs ». Cependant, on trouve aussi des textes où l’auteur s’adresse à une personne en particulier : Timothée, Tite ou Philémon, par exemple. L’ajout de « Frères et sœurs » au début d’une telle lecture serait évidemment un non-sens. À noter que le lectionnaire indique souvent la formule à employer (Mon cher Théophile, Mes bien-aimés) ou, parfois, n’indique rien du tout.
M.C.
Commémoration de tous les fidèles défunts
29 septembre 2014,
Q. En consultant l’Ordo courant (NDLR, 2014) pour la Commémoration de tous les fidèles défunts (qui tombe cette année un dimanche), je constate que le déroulement de la messe n’indique pas la présence du Gloria et du Credo. Est-ce une erreur?
R.B.
R. Vous avez raison, il y a effectivement une erreur dans l’édition 2014 de l’Ordo. La plus récente occurrence d’un 2 novembre le dimanche se situait en 2008, et l’on y mentionnait le Credo, ce qui est la norme. Aurait-on dû aussi y mentionner le Gloria, puisque la célébration est un dimanche? Effectivement, oui, si l’on se fie aux articles 53 et 68 de la Présentation générale du Missel romain (PGMR), où on affirme que le Gloria est chanté ou dit « le dimanche en dehors de l’Avent et du Carême […] », et que le Credo est également chanté ou récité « le dimanche et les jours de solennité » (incluant l’Avent et le Carême, dans le cas du Credo).
Toutefois, il peut arriver que pour des raisons pastorales, on soit plus réticent à entonner le Gloria. Il revient aux pasteurs et aux équipes de liturgie de juger de la situation en fonction de l’assemblée présente.
La prochaine occurrence d’un 2 novembre le dimanche arrivera en 2025, ce qui nous permettra donc d’y réfléchir un certain temps encore et de faire les correctifs nécessaires à l’Ordo.
M.C.
La nouvelle traduction de la Bible
18 décembre 2013
Mes questions portent sur la nouvelle traduction de la Bible, qui est maintenant disponible.
1. Que signifie l’expression Bible de la liturgie? Y a-t-il un accent plus particulier sur la liturgie? Si oui, comment?
2. On dit que « cette version entrera progressivement en vigueur dans la liturgie catholique romaine, à mesure que les lectionnaires seront révisés ». Est-ce à dire que cette version remplacera La Bible de Jérusalem? Ou sera-t-elle simplement complémentaire? Comment, en gros, la Bible de la liturgie diffère-t-elle de la Bible de Jérusalem?
I.O.
Tout d’abord, merci pour vos questions intéressantes. À la question 1, la Bible de la liturgie se nomme ainsi parce que sa traduction est pensée en fonction de la lecture publique, dont le cadre de la liturgie. Il serait très complexe d’entrer dans les détails techniques, mais une telle traduction suppose des caractéristiques particulières : vocabulaire adapté à la culture, fluidité du discours, phrases pas trop longues, etc. La Bible, traduction officielle liturgique (c’est son titre officiel) est le fruit d’un long travail d’exégètes et de linguistes qualifiés. Elle a été officiellement approuvée par l’ensemble des évêques francophones et par Rome.
À la question 2, la nouvelle traduction entrera effectivement dans la liturgie avec la révision des lectionnaires. Cependant, dans le cadre liturgique, la nouvelle traduction officielle ne remplace pas la Bible de Jérusalem. Elle remplace plutôt l’ancienne version de la Bible de la liturgie, celle d’où provenaient les textes actuels des lectionnaires. Pour être plus précis, la nouvelle traduction vient parfaire le travail entrepris dans les années 1970, en offrant maintenant une traduction intégrale de la Bible, et non pas les seuls textes destinés aux lectionnaires. De plus, cette nouvelle version vient améliorer et actualiser la traduction antérieure des textes bibliques. Comme une langue est toujours en évolution, il est nécessaire, parfois, de procéder à une telle révision. C’est l’un des buts de la nouvelle traduction.
M.C.
Les femmes et la proclamations des lectures bibliques
Le 21 novembre 2011
J’ai lu avec intérêt le document Les nouveautés de la Présentation générale du Missel romain. Il y a un article que je ne suis pas sûre d’avoir compris. En bas de la page 6 du document, numéro 107 M, il est écrit :
« Les fonctions non réservées au prêtre ou au diacre confiées à des laïcs idoines par bénédiction/délégation. Suppression de la décision de la conférence des évêques pour que les femmes proclament les lectures et lisent les intentions de prière à la Prière universelle. »
Est-ce que cela veut dire qu’une décision de la conférence des évêques permettait aux femmes de proclamer les lectures et que maintenant, c’est interdit? Ou est-ce que cela veut dire que ce n’était pas permis et que les femmes peuvent proclamer les lectures maintenant?
Y. H.
Je vous rassure immédiatement. Dans cet article, il n’est absolument pas question d’interdire aux femmes de proclamer les lectures et les prières universelles!! L’Évangile, toutefois, est toujours proclamé par le diacre ou le prêtre.
Pour bien répondre à votre question, il est utile de consulter l’article 70 de l’ancienne version de la PGMR et de le comparer à l’article 107 de la nouvelle version. Ce que l’on constate, c’est qu’auparavant, les conférences épiscopales pouvaient permettre qu’une femme proclame les lectures qui précèdent l’Évangile. Dans la nouvelle version, les fonctions liturgiques non réservéesau prêtre ou au diacre (ce qui inclut les lectures autres que l’Évangile) peuvent être confiées « par une bénédiction liturgique ou une délégation temporaire, à des laïcs idoines [incluant les femmes, évidemment], choisis par le curé ou le recteur de l’église ».
Comme vous pouvez le constater, les conférences épiscopales n’ont plus à intervenir dans cette décision locale et propre à chaque communauté chrétienne. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’expression « suppression de la décision de la conférence des évêques ». Bref, la nouvelle formulation apparaît comme un assouplissement par rapport à la précédente.
M. C.
Rendre gloire ou rendre grâce?
Le 2 avril 2012
Dans le Prions en Église, je remarque, depuis quelques semaines déjà, un changement dans le répons aux lectures. Auparavant, le répons à « Parole du Seigneur » était « Nous rendons gloire à Dieu ». Il est maintenant écrit : « Nous rendons grâce à Dieu. » Est-ce que ce changement de mot fait partie des modifications apportées au nouveau missel romain?
M. L.
Effectivement, ce changement apparaît dans le Prions en Église à partir de mars 2012. Cette modification n’est pas une adaptation au nouveau missel romain, lequel n’est pas encore publié (dans la version française) au moment où ces lignes sont écrites. Elle est plutôt consécutive à la mise en œuvre de la nouvelle Présentation générale du Missel romain, en vigueur depuis le premier dimanche de l’Avent 2011. Dans cette nouvelle PGMR, on peut lire, à l’article 128 :
« […] À la fin [de la lecture], le lecteur dit l’acclamation : Verbum Domini (Parole du Seigneur) et tous répondent : Deo gratias (Nous rendons grâce à Dieu). »
Avec cette formulation, la nouvelle traduction du répons est maintenant plus conforme au sens de la version latine.
Par ailleurs, en fouillant plus loin, il est possible de trouver la trace de ce même répons dans la Présentation générale du Lectionnaire romain (Lectionnaire du dimanche, édition 1995), à la page XV, article 18 :
« À la fin des lectures, le lecteur peut ajouter : “Parole du Seigneur”. […] Tous acclament ensuite : “Nous rendons grâce à Dieu! “. »
Comme vous pouvez le constater, il ne s’agit en rien d’une modification arbitraire, mais bien d’une adaptation aux formulations induites par la nouvelle traduction du Missel romain qui paraîtra d’ici quelques années.
M. C.